vendredi 8 février 2013

Jour 23 & 24 Thanjavur → Tranquebar

Notre voyage alterne entre la ville et la campagne. Sans hésitation, c'est cette dernière qui nous ravit le plus.

Certes, dans l'état du Tamil Nadu, contrairement au Kérala, la pauvreté s'étale plus. Les mendiants sont plus nombreux, les vieilles femmes aux cheveux sales et emmêlés aussi. C'est un signe car ici, les gens font un réel effort pour être propres et bien habillés. Quant à la coiffure, n'en parlons pas. Avoir les cheveux dans cet état est un vrai signe de déchéance.

A coté de cela, nous naviguons dans une Inde bien différente. Ici, les réalités sociales et économiques sont multiples et s'entrecroisent sans jamais se toucher. De l'habitacle climatisé de notre voiture, nous apercevons de l'autre coté de la fenêtre la misère et la crasse, quotidien de dizaines de millions d'indiens. L'addition d'un repas pour quatre dans les endroits où nous nous arrêtons ferait vivre une famille entière pendant 2 semaines. Et si nous n'osons pas toujours boire dans les verres de certains restaurants, nous oublions parfois que l’accès à l'eau potable est souvent un luxe.
Mais ici, cela est une réalité mais pas un poids.
Étrange sensation pour de petits occidentaux, habitués à ses valeurs et défenseurs de l'égalité. Ici, il n'est tout simplement pas possible de partager la misère des gens. Elle est trop énorme, trop complète. Elle nous écraserait comme un moustique sous une pierre. On peut ressentir une certaine forme de compassion, mais guère plus sinon la souffrance et la tristesse nous balayerait. A coté d'un champ que la route traverse, une femme fouille dans les détritus sur le bas-coté. Son enfant de quoi... 3 ans ? 4 ans ? joue dans les ordures à quelques mètres d'elle, les remuant avec un bâton, les fesses à l'air.
A l'entrée d'un bois où nous sommes arrêtés, nous avons vu l'indien le plus maigre du sud de l'Inde. Accroupi, il ressemblait a une sauterelle, ses longues jambes fines comme des bâtons morts ramassées sur elles mêmes. Il portait des lunettes qui lui dévoraient le visage, épaisse comme des culs de bouteille. Il était en train de tenter de se rafraîchir à un robinet au milieu de nul part. A l'arrivée de notre voiture, il à essayer de se relever. Et il y est parvenu. Lentement, en dépliant sa carcasse méthodiquement.
Nous sommes rester subjuguer par cette vision d'une maigreur mortelle.
C'était un mendiant, mais pendant un moment je dois avouer que je ne savais plus si c'était un prêtre, un mendiant, un shadu ou que sais-je encore.
Ce n'est que lorsque notre guide lui à tendu un billet en lui disant, en hindi, de manger un peu que j'ai compris.
Lisant cela assis dans un salon, cela peut, doit sûrement paraître étrange. Mais sur le coup, cette vision sortait tellement de notre champ d'expérience qu'il à fallu ce déclic de notre guide lui faisant l’aumône pour comprendre cette scène.
C'est cela aussi de se confronter à ce que nous n'avons jamais vécu.

Mais encore une fois, nous évoluons dans un univers parallèle à celui-ci.

Hier matin, mercredi 6 janvier, nous avons quitter notre hôtel 5 étoiles en bord de fleuve avec piscine à débordement situé en périphérie de la ville de Thanjavur. Nous avons visiter deux temples. Le premier superbe, dans des tons de ocre, brûlant sous le soleil de l'Inde et dédier à Nandi, le véhicule de Shiva le destructeur. Une immense étendue classée au patrimoine mondial de l'humanité.

Le second, après 2 heures de voyage, les filles, épuisées, n'ont même pas voulu descendre de la voiture pour le visiter. Les vieilles pierres commencent à les lasser.
Ce début de mutinerie nous à donc contraint à rebrousser chemin jusqu'à la route principale et à poursuivre notre voyage en direction de Tranquebar.

Tranquebar, but ultime de notre voyage aujourd'hui.

C'est un village situé tout au bout de nul part, en bord de mer. Lorsque nous y arrivons enfin, nous sommes tous très fatigués. Les filles par la route, et Stéphanie et moi plus encore par ce vicieux petit thé massala que nous avons bu hier soir avec gourmandise avant de nous coucher. Par sa faute nous n'avons pas pu fermer l'oeil de la nuit...

C'est donc un peu de mauvaise humeur que nous cherchons avec le guide la direction du resort. Après avoir dépassé le village, nous franchissons une vieille arcade en pierre, courante ici pour délimiter les frontières d'une commune (encore que ces termes, tellement européen, ne correspondent pas à grand chose ici). Nous continuons donc lentement à avancer en direction de la plage (encore que ce terme, tellement européen etc, etc, vous m'avez compris) sur une route (encore que ce terme...) ensablée. De chaque coté, de longs bâtiments clairs plutôt récents et imposants surmontés de croix catholiques le plus souvent. De l'un d'eux s'échappent des bruits de cours de récréation. Sur le portail en fer forgé d'un autre situé plus loin, on peut lire « Couvent Sainte-Thérèse ». Encore après c'est une église blanche, suivi d'une école de professeurs. Sur les murs du jardin qui l'entoure, des inscriptions en anglais et en hindi tirées de la Bible. Nous sommes assurément dans le quartier catholique.

Nous parvenons enfin au resort qui se nomme « Bungalow On The Beach ». En fait de bungalow, c'est surtout une construction typique, toute en plâtre blanc et en arcade dissimulant des ombres qui s'offre à nous.
Comme souvent ici, les constructions au alentour sont plutôt misérables, voire au mieux sales. Et c'est toujours avec un peu d'appréhension que nous découvrons chaque fois l'environnement qui nous attends. A l'intérieur, le réceptionniste charmant parle néanmoins l'anglais avec un accent qui rend la compréhension mutuel difficile. A moins que cela ne vienne de notre propre anglais, ce qui est loin d'être impossible.
Nous comprenons néanmoins que notre chambre n'est pas prête et qu'il nous faut un peu patienter. Mais finalement ce n'est pas ça. Nous nous sommes tromper et en fait c'est que notre chauffeur doit nous conduire à notre chambre. Mais vu les alentours, nous ne comprenons pas bien de quoi il peut s'agir. Le réceptionniste nous explique encore les différents horaires pour breakfast, lunch, dinner auxquels il faut rajouter le snack de l'après-midi.
Nous montons dans la voiture et notre chauffeur tente de trouver notre habitation avec un petit soupir, circulant au milieu des rues pas très engageantes.
Dans ma tête, je suis déjà prêt à retourner à la réception et à demander une « upgrade » de la chambre. Nous sommes tous fatigués par la route et l'idée de passer deux jours dans un environnement sordide est au dessus de nos forces.
Le chauffeur se perd, prend son téléphone, appelle la réception et demande son chemin.
Dans la voiture, je sens les filles et ma femme aussi tendues que moi, aussi fatiguées que moi.

Finalement, au bout de la longue route ensablée, en direction du village, un couple d'indien devant un portail discret sur notre gauche nous fait signe en souriant. L'endroit est entouré d'un mur blanc.
Nous pénétrons dans un petit jardin et devant nous nous attends une grande propriété avec un étage, typique et resplendissante de santé.
Nous recommençons à respirer.

A l'intérieur, 4 couloirs parquetés mènent à un patio à ciel ouvert autour duquel sont disposées les chambres. La notre est un petit appartement avec deux pièces contiguës séparées par une porte. Les murs sont recouverts de plâtre blanc, le sol est en carrelage ocre et tout le mobilier en bois patiné, sombre et confortable.

De l'un des couloirs, à quelques mètres de notre chambre, se trouve la piscine de l'hôtel entourée par une véranda en bois sous laquelle sont disposées des chaises confortables.

C'est une oasis dans le désert et nous allons y passer 2 nuits.

Nous disons au chauffeur que demain nous n'aurons pas besoin de lui. Enfin 24h sans prendre la voiture. Ce dernier à de toutes façons l'air aussi fatigué que nous.
A peine le temps d'enfiler les maillots de bains que les filles se jettent dans la piscine.

Le soir, au repas, il y avait du poulet, des frites et de la purée. Comme s'était l'anniversaire de la responsable il y avait aussi du gâteau et nous avons aussi chanter « Bon anniversaire » à une française à la table d'à coté.

Les filles se sont endormies dans leur grand lit en regardant Barbie sur l'ordinateur.

Demain, au vu de notre programme, grasse matinée pour tout le monde.













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